La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer, 2024

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Bande annonce

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Mots clés
Jonathan Glazer, Sandra Hüller, Christian Friedel, Martin Amis, adaptation, drame historique, hors-champ
pavillon, couloir, cave, jardin, piscine, mur, camp, monument, balcon, salle de réunion, apparat

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Résumé

Bien que moins tristement célèbre que « la solution finale », l’expression effroyable « zone d’intérêt » –
interessengebiet en allemand – utilisée par les SS nazis pour décrire le périmètre de 40 kilomètres carrés
entourant le camp de concentration d’Auschwitz en périphérie d’Oświęcim en Pologne – témoigne du même
sentiment d’obscurcissement résolument précis et inquiétant. C’est un euphémisme utilisé avec une intention
létale. En 2014, le regretté Martin Amis avait utilisé ces mots pour le titre de son roman sombrement
picaresque dont l’action se déroule à l’intérieur et autour du camp. Dans son adaptation cinématographique
longuement mûrie, le réalisateur-scénariste Jonathan Glazer cartographie le terrain géographique et
psychique de la zone et de ses habitants avec une précision glaçante.


La façon très particulière dont La Zone d’Intérêt a été réalisée découle de l’anxiété du réalisateur face au fait
de travailler avec un matériau aussi chargé. « Je ne voulais pas avoir l’impression de faire un film sur cette
période [de l’Histoire] pour le mettre dans un musée », témoigne Glazer. « Nous parlons ici de probablement
l’une des pires périodes de l’histoire de l’humanité, mais nous ne pouvons pas dire ‘mettons-la au placard’
ou ‘il ne s’agit pas de nous, nous sommes à l’abri de tout ça, c’était il y a 80 ans’. Nous ne pouvons pas nous
dire que cela ne nous concerne plus. Clairement, cela nous concerne, et c’est troublant de le constater, mais
cela sera peut-être toujours le cas. Donc je voulais porter un regard moderne sur le sujet. »


Au début de La Zone d’Intérêt, Hedwig Höss (Sandra Hüller) accueille sa mère pour la première fois dans sa
villa impeccable en stuc à deux étages, où elle vit avec son mari Rudolf et leurs enfants. Lorsque sa mère lui
demande si les domestiques de la maison sont juifs, Hedwig fait un geste en direction du mur recouvert de
lierre qui sépare son jardin en pleine floraison de la structure imposante de l’autre côté. « Les Juifs sont de
l’autre côté du mur » dit-elle joyeusement. Hors de vue, hors de l’esprit. Ce sinistre sentiment d’occultation
a fourni à Glazer le point d’entrée précis pour son adaptation. Dans le roman d’Amis, le personnage ignoble
de Paul Doll – un commandant de camp installé dans une version fictive d’Auschwitz – est inspiré de Rudolf
Höss, un nazi de longue date largement reconnu comme l’un des architectes de l’extermination de masse. (Il
est même considéré comme pionnier dans l’utilisation du gaz Zyklon B). Glazer s’est donc emparé de l’idée
d’intégrer une réalité biographique dans le scénario. « J’ai commencé à me documenter sur Rudolf Höss et sa
femme Hedwig, et sur comment ils vivaient à Auschwitz, installés dans un coin du terrain, si on peut dire »,
explique-t-il. « D’une certaine façon, pour moi, le sujet du film est devenu ce mur. Le cloisonnement de leurs
vies et l’horreur vécue juste à côté. »

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Tournage du film

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