Menus-Plaisirs – Les Troisgros, Frederick Wiseman, 2023

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Bande annonce

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Mots clés
Frederick Wiseman, famille Troisgros, documentaire
restaurant, véranda, extension, verrue, postmodernisme, restauration, Patrick Bouchain

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Résumé

Le film suit la famille Troisgros dans la gestion de ses trois restaurants, l’un d’eux détenant trois étoiles au guide Michelin depuis 1968. Enfants de la quatrième génération, César dirige le restaurant étoilé Le Bois sans Feuilles et Léo est à la tête de l’un des deux autres restaurants Troisgros, la Colline du Colombier. Leur père Michel reste également présent et assure une transmission en bon ordre. Le film analyse méticuleusement la recherche des meilleurs produits alimentaires, la préparation en cuisine et le service en salle.

Très vite, la question du restaurant est abordée par petites touches, d’abord par des détails décoratifs, comme les baies vitrées, le parquet déstructuré, aux lattes pas tout le temps alignées et parallèles, l’agencement des cuisines et de la salle, ainsi que les allers-retours de Michel Troisgros entre ces deux espaces contigus. Les murs n’ont pas de raison d’être, il faut décloisonner la curiosité en regardant plus loin, où nos pas peuvent nous mener tant que le sol ne se dérobe pas. Puis dans les propos des uns et des autres, ce qui n’était qu’une toile de fond, une maison achetée dans les années 2010 pour la famille et permettre aux enfants d’avoir un capital de base comme le rappelle Michel Troisgros qui pense que le temps s’écoule bien vite, l’achat de la maison donc, transformée pendant deux ans afin d’accueillir du monde, est devenu une affirmation de l’identité propre de Michel Troisgros et de sa femme, enfin débarrassés de l’héritage du père, du grand-père et de l’oncle qui ont œuvré avant eux à Roanne, à la même adresse près d’un siècle durant.

L’architecture, remaniée par Patrick Bouchain, en devient un reflet violent, à l’instar de sa structure fragmentée. En bas, la salle s’inscrit dans les poncifs de l’architecture moderne et de la Glass House de Philip Johnson, large verrue-véranda sans cloisons, dégageant la vue sur des jardins boisés et des cultures maraichères. Le manoir italianisant accolé déploie ses ailes de façon ramassée, avec des décrochages aux hauteurs anarchiques, mélangeant les tours aux fenêtres renaissance à meneaux en pierres, vitraux en ogive moyen-âgeux, surélévations, arcades, extension à la symétrie post palladienne. Ici, le style, c’est l’expansion à tout prix, c’est la somme des ingrédients divergents qui assument leur osmose improbable, tout comme les ingrédients mariés par le chef dans sa cuisine.

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Extraits du film

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